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Enquête | Crise de l’eau à Bujumbura : La REGIDESO face à un système à bout de souffle

Notre organisation s’est penchée sur la pénurie d’eau potable qui frappe le centre économique du Burundi, Bujumbura, ainsi que plusieurs localités de l’intérieur du pays. Une situation devenue insoutenable pour les citoyens, poussant la REGIDESO – l’entreprise publique chargée de la production et de la distribution d’eau et d’électricité – à sortir de son silence.

Lors d’une récente descente sur terrain, Innocent Nkurunziza, responsable du département de l’eau à la REGIDESO, a révélé un chiffre alarmant : près de 24 milliards de francs burundais seraient nécessaires pour résoudre de manière structurelle la crise de l’eau potable. Ce montant serait requis pour moderniser un réseau aujourd’hui largement dépassé et incapable de répondre à la croissance démographique et urbaine.

Notre enquête confirme les propos de M. Nkurunziza : les infrastructures actuelles datent, pour la plupart, de 1984. Depuis cette période, ni les conduites principales, ni les réservoirs, ni les installations de captage n’ont été renouvelés ou élargis. Il s’agit donc d’un réseau vétuste, souvent sujet à des pannes récurrentes, et dont la maintenance devient de plus en plus coûteuse.

Le constat est inquiétant : la majorité des quartiers de Bujumbura ne reçoivent de l’eau que quelques heures par semaine, tandis que dans certaines zones de l’intérieur du pays, des coupures prolongées peuvent durer plusieurs jours, voire des semaines. L’impact sur la santé publique, l’hygiène, l’économie et la scolarisation est majeur.

Innocent Nkurunziza souligne que seule l’adoption de nouveaux investissements, notamment dans l’acquisition d’équipements modernes, la réhabilitation des stations de pompage et l’extension du réseau, pourrait permettre d’atténuer durablement cette crise.

Mais dans un contexte budgétaire contraint, où les priorités politiques ne convergent pas toujours avec les besoins des citoyens, la REGIDESO sera-t-elle soutenue à la hauteur de ses défis ?

Innocent Nkurunziza, responsable du département de l’eau à la REGIDESO, lors d'une visite sur le terrain à Bujumbura.

Cette déclaration soulève une question légitime : comment expliquer qu’après des décennies de présence sur le terrain et de vente régulière de services facturés mensuellement aux citoyens, la REGIDESO ne soit pas parvenue à constituer les réserves nécessaires pour anticiper cette crise structurelle ? L’entreprise publique travaille-t-elle en recul au lieu d’avancer ? Si la gestion avait été transparente et orientée vers l’investissement durable, ces 24 milliards de FBu ne devraient pas aujourd’hui constituer un obstacle si colossal.

Cette situation met en lumière l’urgence d’un plan national de gestion durable de l’eau, fondé sur la transparence, la planification à long terme et une gouvernance dépolitisée des ressources vitales.

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