Des millions de francs burundais sont injectés chaque année dans les coopératives dites SANGWE, un programme initié par le parti au pouvoir CNDD-FDD pour encourager l’auto-développement des communautés. Cependant, notre enquête révèle que ces fonds sont souvent gérés sans contrôle rigoureux, ouvrant la voie à des cas flagrants de détournements.
L’exemple le plus frappant se trouve dans la zone Nyakabiga III, en plein cœur de Bujumbura. Là, une coopérative SANGWE a déboursé 20 millions de FBu pour la construction d’un bloc de toilettes publiques. Un projet censé améliorer l’hygiène communautaire… mais qui, en réalité, n’a jamais vu le jour comme prévu.
Les photos que nous avons obtenues montrent une petite structure rudimentaire, bien loin de justifier le montant alloué. Pire encore, le terrain sur lequel a été construit l’ouvrage appartiendrait à l’Université du Burundi, qui refuse aujourd’hui que les toilettes soient utilisées.
« C’est comme si on avait volé notre argent. Même si on compte les briques et les tôles, on n’atteint pas ce montant. Et regarde les portes… en simple planches », déplore un membre de la coopérative, interrogé par King Umurundi Freedom.
Les responsables de la coopérative affirment pourtant disposer des autorisations nécessaires. Mais leur version ne convainc pas les membres, qui dénoncent un manque total de transparence.
Ce cas illustre un problème systémique : les fonds injectés dans les coopératives SANGWE ne sont soumis à aucun audit indépendant. Notre organisation appelle à une révision urgente des mécanismes de gestion de ces fonds publics, afin d’éviter que l’argent censé lutter contre la pauvreté ne soit détourné à des fins personnelles ou partisanes.