Notre investigation approfondie au sein de la Mutuelle de la Fonction Publique (MFP) du Burundi met en lumière un scandale majeur de corruption et de mauvaise gestion économique impliquant le Directeur Administratif et Financier (DAF), Serge Ntiriwhisha.
Depuis plusieurs mois, des pratiques douteuses affectent gravement la gestion financière de cette institution clé du secteur public. L’un des éléments les plus frappants concerne la commande d’uniformes de travail pour les employés, facturés à un prix manifestement gonflé de 150 000 francs burundais par unité. Or, chaque employé a reçu deux uniformes, ce qui porte le coût total par salarié à 300 000 Fbu, un montant jugé excessif et injustifié par les bénéficiaires eux-mêmes. Cette opération soulève des questions sérieuses sur la transparence des marchés publics et la maîtrise des coûts dans la MFP.
Mais cette anomalie n’est que la partie visible de l’iceberg. Notre enquête révèle que Serge Ntiriwhisha est également impliqué dans d’autres pratiques frauduleuses liées à la corruption au sein de l’administration de la MFP. Il a notamment été suspendu provisoirement (mise à pied) le 12 décembre 2022, suite à la découverte d’irrégularités lors d’activités menées dans la province de Makamba, sous la supervision de la ministre Imelde Sabushimike. Cette suspension traduit une tentative de contrôle face à des malversations qui mettent en péril la bonne gouvernance et la crédibilité de l’institution.
Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est le degré d’impunité dont bénéficie ce responsable. Soutenu politiquement par Reverien Ndikuriyo, leader influent du parti CNDD-FDD au niveau national, Serge Ntiriwhisha semble agir avec une quasi-immunité. Il aurait même affirmé à certains employés que le président de la République, Evariste Ndayishimiye, ne serait pas en mesure de le sanctionner, soulignant ainsi l’importance du réseau politique qui protège ses agissements.
L’impact de ces dysfonctionnements se fait durement sentir chez les agents de la Mutuelle de la Fonction Publique, qui réclament à l’unanimité la révocation de Serge Ntiriwhisha et l’instauration d’une nouvelle direction capable de restaurer la transparence et la rigueur administrative. Notons que la MFP est restée sans direction stable pendant plus de huit mois, à l’exception d’une gestion intérimaire, ce qui fragilise davantage son fonctionnement et expose ses employés à des risques organisationnels importants.
Cette enquête souligne l’urgence de renforcer les mécanismes de contrôle interne et d’audit au sein des institutions publiques burundaises, afin de prévenir et sanctionner les dérives financières et administratives. La situation actuelle à la MFP illustre malheureusement les défis structurels auxquels fait face la gouvernance publique dans notre pays.